Windcoop lance la première liaison commerciale à la voile entre Marseille et Madagascar


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Navire vélique Windcoop
Navire vélique Windcoop

La coopérative bretonne Windcoop s’apprête à révolutionner le transport maritime avec son premier porte-conteneurs 100% propulsé à la voile de 91,3 mètres, qui reliera Marseille à Madagascar dès 2027. Ce navire d’exception, équipé de trois ailes rigides et financé par 1 600 sociétaires, ouvre une nouvelle ère du commerce international décarboné tout en créant des opportunités économiques inédites pour la Grande Île. Une initiative pionnière qui pourrait transformer durablement l’industrie maritime mondiale.

La coopérative maritime bretonne Windcoop vient deconfirmer la commande de son premier porte-conteneurs entièrement propulsé à la voile. Ce navire d’exception, long de 91,3 mètres et équipé de trois imposantes ailes rigides de 350 m² chacune, incarne une révolution dans l’approche du transport maritime international.

Conçues par la société CWS, spécialisée dans les technologies de propulsion vélique, ces ailes rigides offrent une efficacité énergétique remarquable comparée aux voiles traditionnelles. Le navire, dont la construction a été confiée au chantier naval turc RMK Marine, représente un investissement de 28,5 millions d’euros et devrait être livré en mai 2027. Cette collaboration internationale témoigne de la maturité croissante des technologies de propulsion vélique et de leur reconnaissance par l’industrie navale.

Une liaison stratégique au cœur de l’océan Indien

Dès sa mise en service en 2027, ce porte-conteneurs révolutionnaire inaugurera une ligne commerciale directe entre Marseille et Madagascar, desservant les ports de Tamatave (Toamasina), Diego-Suarez (Antsiranana) et Majunga (Mahajanga). Cette liaison représente un défi logistique considérable, couvrant près de 8 000 kilomètres à travers la Méditerranée, le canal de Suez et l’océan Indien, exclusivement grâce à la force du vent.

Le choix de Madagascar comme destination n’est pas anodin. La Grande Île, souvent négligée par les grandes compagnies maritimes traditionnelles, souffre de liaisons irrégulières et coûteuses qui pénalisent son développement économique. En proposant une alternative directe et écologique, Windcoop répond à un besoin réel tout en démontrant la viabilité commerciale du transport vélique sur de longues distances.

Un impact environnemental majeur dans la lutte contre le réchauffement climatique

Le transport maritime, responsable de près de 3 % des émissions mondiales de CO₂, fait face à une pression croissante pour réduire son empreinte carbone. Avec plus de 90 000 navires sillonnant les océans et transportant 90 % du commerce mondial, l’industrie maritime doit impérativement se réinventer pour atteindre les objectifs de neutralité carbone fixés par l’Organisation Maritime Internationale à l’horizon 2050.

Les technologies véliques modernes, comme celles déployées par Windcoop, offrent une solution concrète et immédiatement applicable. Les études démontrent qu’elles peuvent réduire jusqu’à 35 % la consommation de carburant des navires, voire davantage dans des conditions optimales. Sur la route Marseille-Madagascar, ce navire pionnier pourrait éviter l’émission de plusieurs milliers de tonnes de CO₂ par an, équivalant aux émissions annuelles de centaines de voitures particulières.

Au-delà de la réduction des émissions directes, ce projet s’inscrit dans une démarche plus large de décarbonation du transport maritime. Il démontre qu’il est possible de concilier efficacité commerciale et respect de l’environnement, ouvrant la voie à une généralisation de ces technologies dans l’industrie et cela sans allonger le temps de trajet du navire.

Un catalyseur économique et social pour Madagascar

Pour Madagascar, cette connexion directe avec l’Europe représente une opportunité unique de développement économique et social. Les importateurs malgaches, habitués aux aléas des liaisons indirectes via les hubs régionaux, bénéficieront enfin de coûts de transport stabilisés et d’une meilleure prévisibilité des délais d’acheminement.

Cette stabilité logistique est cruciale pour le développement du commerce malgache. Elle permettra aux producteurs locaux d’exportateurs leurs produits d’excellence – vanille de Madagascar, épices rares, café de qualité, produits artisanaux – dans de meilleures conditions vers les marchés européens. Les circuits courts ainsi créés valoriseront davantage les producteurs locaux tout en offrant aux consommateurs européens des produits traçables et éthiques.

L’approche de Windcoop favorise également l’émergence d’une filière logistique alternative à Madagascar, créant des emplois locaux et renforçant les capacités portuaires du pays. Cette dynamique pourrait attirer d’autres initiatives similaires et positionner Madagascar comme un hub régional pour le commerce maritime durable.

Un modèle coopératif innovant pour démocratiser la transition écologique

L’originalité de Windcoop ne réside pas seulement dans sa technologie, mais aussi dans son modèle économique et social révolutionnaire. Structurée en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC), la coopérative a mobilisé 1 600 sociétaires qui ont collectivement investi 6,8 millions d’euros pour financer les phases d’étude et d’ingénierie du projet.

Cette approche participative transforme chaque contributeur en acteur direct de la transition écologique. Les sociétaires participent activement à la gouvernance du projet, partageant les décisions stratégiques et les risques financiers. Cette démocratie économique crée un lien direct et transparent entre les usagers, les chargeurs et les territoires desservis. Une opportunité aussi pour les producteurs malgaches d’être en lien direct avec les consommateurs européens.

Cette philosophie s’avère particulièrement adaptée aux projets d’innovation verte, qui nécessitent souvent des investissements initiaux importants et des temps de développement plus longs que les projets conventionnels.

Fort de l’expérience acquise avec cette première liaison, Windcoop envisage d’étendre progressivement sa flotte pour ouvrir de nouvelles routes véliques vers l’Afrique de l’Ouest.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
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