Mali : FPR, l’arme politique d’Aliou Boubacar Diallo contre la dictature


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Aliou Boubacar Diallo

En exil, Aliou Boubacar Diallo défie la junte militaire malienne en lançant le Front Patriotique de Résistance (FPR). Cette initiative, présentée comme un mouvement citoyen, vise à restaurer l’ordre constitutionnel et à offrir une alternative démocratique à la dictature en place.

En pleine Tabaski, le 8 juin dernier, Aliou Boubacar Diallo a surpris le paysage politique malien en annonçant, depuis l’exil, la création du Front Patriotique de Résistance (FPR). L’ancien candidat à la présidentielle de 2018 appelle désormais à un sursaut républicain, exigeant le retour à l’ordre constitutionnel et à la démocratie pluraliste.

Un contexte politique sous haute tension

Depuis le 13 mai 2025, la transition dirigée par les militaires a franchi un nouveau cap dans la restriction des libertés politiques : tous les partis et associations politiques ont été abolis par décret. La Cour suprême a confirmé cette décision, malgré plusieurs recours, verrouillant ainsi l’espace démocratique. Peu de voix osent s’élever dans ce climat de répression. Le silence des leaders politiques traditionnels contraste fortement avec la prise de position audacieuse de Diallo, qui entend structurer une opposition nouvelle.

Présenté non comme un parti mais comme un mouvement citoyen, le FPR se veut un rempart contre la confiscation du pouvoir par des voies non constitutionnelles. Il repose sur un schéma de sortie de crise baptisé V3R (Vérité, Reconnaissance, Réparation, Réconciliation) articulé autour de la justice transitionnelle. Aliou Boubacar Diallo milite pour une reconnaissance des souffrances passées, une réparation pour les victimes et une réconciliation nationale inclusive. En parallèle, il propose un ambitieux plan économique de plus de cent milliards de dollars, en attente d’un cadre politique stable.

Un appel à la mobilisation nationale et internationale

Aliou Boubacar Diallo s’adresse non seulement aux Maliens restés au pays, mais aussi à la diaspora, invitée à se mobiliser contre ce qu’il qualifie de « transition illégale ». Il insiste sur une résistance non violente, appelant les militaires à retourner dans les casernes et à organiser des élections libres. Dans un Mali privé de ses contre-pouvoirs institutionnels, le FPR pourrait cristalliser les frustrations populaires et redonner une voix aux citoyens en quête de démocratie.

La création du FPR apporte un changement : pour la première fois depuis la suspension des activités politiques, une voix structurée, portée par une figure reconnue, ose défier frontalement la junte. Reste à savoir si Aliou Boubacar Diallo parviendra à rassembler autour de lui et à incarner une véritable alternative, alors que l’espace civique demeure restreint. En affirmant que « la légitimité populaire ne disparaît pas avec un décret », il prend le risque d’une confrontation directe, mais ouvre aussi un espoir pour une sortie de crise pacifique et démocratique.

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